Carton d’après Simon Vouet – « Renaud et Armide dans les jardins enchantés »
Cette tapisserie représente les chevaliers Charles et Ubald découvrant Renaud dans les bras d’Armide, les deux héros sous un auvent, entourés de putti, Renaud contemplant dans un miroir le visage d’Armide, sous le regard des deux chevaliers cachés derrière des arbres, dans un paysage animé d’un palais en perspective à l’arrière plan. La bordure à motif de guirlandes de fleurs et fruits est ornée de cartouches, soutenue par deux anges en partie supérieure, ornée d’une figure à l’antique en partie inférieure, et d’un putti de chaque côté. Les écoinçons sont ornés de trophée aux attributs de l’amour.
L’Histoire de Renaud et Armide, tirée du célèbre poème épique du Tasse, La Jérusalem Délivrée (1580), relate les amours du jeune chevalier chrétien et de la magicienne orientale. Le récit connut un immense succès tout au long du XVIIème siècle, à une époque où le goût évoluait vers une littérature aux effets recherchés. La tenture fut tissée à plusieurs reprises et dans plusieurs ateliers parisiens tels que ceux du Faubourg Saint-Marcel, c’est-à-dire la première manufacture des Gobelins, ou ceux du Louvre. La suite originale devait se composer de dix pièces retraçant les épisodes principaux du récit du Tasse: Armide sur le point de poignarder Renaud qu’elle a endormi, Armide enlevant Renaud dans son char, les chevaliers Charles et Ubald à la fontaine du Rire, les chevaliers Charles et Ubald découvrant Renaud dans les bras d’Armide, Ubald montrant à Renaud son image dans le bouclier de diamant, Renaud quittant l’île enchantée d’Armide, Armide, son palais détruit, quittant l’île enchantée, Armide jurant de tuer Renaud, Armide ayant échoué et quittant le champ de bataille, Renaud l’empêchant de mettre fin à ses jours. Trois tentures de Renaud et Armide, dont deux à or, figuraient dans l’inventaire des biens de la Couronne de 1663-1673.
Une tapisserie illustrant le présent épisode, tissée dans les ateliers du faubourg Saint-Marcel, a été vendue par Sotheby’s Londres, le 29 mai 1998, lot 15. Une autre, également tissée dans les ateliers du faubourg Saint-Marcel, est conservée au château du Haras du Pin, et est illustrée dans “Vouet”, Galeries nationales du Grand Palais, Paris 1990-1991, catalogue d’exposition, p.517, fig 147.